Le charlatanisme et les dérives sectaires

En rassemblant mon expérience personnelle et celle d'amis ou de contacts, j'ai pu dresser ma propre méthode d'évitement des charlatans et des sectes, qui nécessite une notion simple mais exigeante : le courage de dire et/ou demander les choses. Cette méthode n'est pas la seule qui existe, et ne doit pas vous empêcher de consulter d'autres sources ou de vous former de votre côté.

 

Définitions

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Dérive sectaire

Une dérive sectaire est un dévoiement de la liberté de pensée, d’opinion ou de religion qui porte atteinte aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société.

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Charlatanisme

Le charlatanisme est la promotion de pratiques frauduleuses ou ignorantes.

Un charlatan est une personne « prétendant de manière frauduleuse ou par ignorance disposer de compétences » ou « une personne qui prétend, professionnellement ou publiquement, posséder des compétences, des connaissances, des qualifications qu'elle ne possède pas ». De manière plus générale, le charlatan pratique l'imposture, ou un jeu de dupes envers autrui, grâce à des trucages, des déformations de la réalité (par exemple via l'exploitation de biais cognitifs), ou des falsifications, en vue de gagner sa confiance, généralement pour obtenir de l'argent ou tout autre avantage.

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Comment les repérer ?

 

Voici une liste non-exhaustive des pratiques charlatanes ou sectaires :

• la déstabilisation mentale (culpabilisation, entre-soi, impossibilité de questionner les pratiques...)

• le caractère exorbitant des exigences financières

• la rupture avec l’environnement d’origine

• l’existence d’atteintes à l’intégrité physique

• l’embrigadement des enfants

 

Un seul critère ne suffit pas pour établir l’existence d’une dérive sectaire et tous les critères n’ont pas la même valeur. Le premier critère (déstabilisation mentale) est toutefois toujours présent dans les cas de dérives sectaires.

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Quelques moyens de détection

Il est très compliqué de repérer un charlatan ou une secte au premier abord. La secte ou le charlatan peuvent commencer par un atelier en toute innocence, à bas prix, au sein duquel règne un climat d'accueil chaleureux et sans jugement. C'est par la suite que l'arnaque est détectable. Voici quelques recherches/questions qui vous serviront après un atelier ou lors d'un contact. Certaines peuvent paraître rudes : assumez le fait de pouvoir créer un sentiment d'intrusion, ce n'est pas mortel et peut vous éviter bien des tracas :

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Demandez un SIRET/SIREN. Il est tout à fait possible qu'un praticien avec peu de capital qui se lance tout juste. commence au black étant donné le montant des taxes françaises. Demandez alors au moins une pièce d'identité. La personne peut agir sous un faux nom, de faux comptes, afin de pouvoir disparaître rapidement. Une identité claire ou un SIRET/SIREN vous permettra au moins de savoir précisément à quoi vous avez affaire et depuis combien de temps la structure existe.

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Suivez l'argent. Calculez en fonction du tarif et du nombre de participants quels sont les bénéfices de la personne ou de l'organisme qui reçoit. Demandez le coût de location du lieu/de la salle. Demandez quel est le modèle d'entreprise. Renseignez-vous sur les prix moyens des matériels et substances utilisés. Demandez quels sont les frais, en allant au plus précis possible. Débattez du tabou de l'argent en France (qui, à mon sens, ne devrait pas exister). Si on vous demande des dons, vérifiez où ils vont.

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Questionnez les pratiques. Qui a enseigné au praticien ce qu'il sait ? En quelle année ? En quel lieu ? Vérifiez l'existence des lieux mentionnés. Demandez comment, selon lui, sa pratique fonctionne. Ce n'est pas tant la réponse qui compte, mais la façon dont les questions sont reçues. Une fermeture, un déni ou un rejet de vos questions sont autant de signes d'alerte. Un praticien qui se prétend Maître ou en maîtrise de son art doit pouvoir en parler simplement.

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Soyez attentif au non-verbal. Des gestes qui ne trompent pas, comme se passer la main droite sur la nuque en parlant, un regard qui fuit le votre, ou encore des poings qui se serrent sont autant de signes d'intentions manipulatrices. Est-ce que tout le monde est au même niveau ?

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Comment sont traités les nouveaux arrivants et les plus anciens ? Ont-ils les mêmes droits et devoirs que les membres plus anciens de la communauté/Patientèle ? Lors de réunions, les nouveaux ont-ils plutôt des tâches subalternes "par dévotion" comme la logistique ou l'entretien ? Y a-t-il une différence de privilèges ? Le même degré de bienveillance est-elle présente pour tout le monde ?

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Est-ce que la permission est demandée ? Avant chaque exercice, chaque pratique, ou même avant chaque entretien individuel, est-ce que la permission, la votre ou celle d'une autre personne du groupe, est demandée de façon claire ? En cas de refus, est-ce que le non-consentement est respecté ? Est-ce que tout ce qui sera abordé et/ou fait est énoncé de façon claire ? est-ce que la réponse aux questions est évasive ?

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Repérer une victime de dérive

Voici quelques signes avant-coureurs qui doivent alerter :

• adoption d’un langage dont les définitions ne sont pas claires

• modification des habitudes alimentaires ou vestimentaires se basant sur une source unique d'informations

• refus de soins ou arrêt des traitements médicaux régulièrement prescrits

• situation de rupture avec la famille ou le milieu social et professionnel

• engagement exclusif pour le groupe

• soumission absolue, dévouement total aux dirigeants

• perte d’esprit critique

• réponse stéréotypée à toutes les interrogations existentielles

• embrigadement des enfants

• existence d’atteintes à l’intégrité physique ou psychique

• Déni, colère, mépris ou rejet des idées extérieures à celles du groupe

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Enfin, quelques signes de dérive économique ou financière

• acceptation d’exigences financières de plus en plus fortes et durables

• engagement dans un processus d’endettement

• legs ou donations à des personnes physiques ou morales en lien avec le groupe auquel appartient la victime

• obligation d’acheter ou de vendre certains matériels ou services comme condition incontournable d’appartenance au groupe

• existence d’escroqueries ou de publicité mensongère sur les qualités substantielles d'un produit ou d'un service

 

Comment lutter contre ?

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Première étape : Fuyez. La fuite n'est pas un comportement faible ou honteux : c'est avant tout un acte de survie. Bloquez les comptes de réseaux sociaux, les numéros de téléphone, et les e-mails du praticien ou des organisateurs.

S'il s'agit d'un proche, tout dépend du niveau d'endoctrinement ou de mise sous emprise. Il peut arriver que les victimes de charlatans ou de dérives sectaires ne veuillent d'aucune aide, montrent du rejet, du mépris, voire de la colère. Il existe des moyens détournés de lutter. Renseignez-vous sur l'établissement ou la personne. Quel est son nom ? A quelle adresse ? Quels sont les horaires ? Il s'agit d'autant d'informations qui peuvent aider des organismes luttant contre le charlatanisme et les dérives sectaires. Vous pouvez également montrer de l'intérêt pour ce que votre proche vit, participer en sa compagnie à un atelier, et montrer par l'exemple et le questionnement que la pratique utilisée n'est pas saine.

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Quelques organismes et sources :

 

Association UNADFI, qui propose du contenu et des formations pour éviter les dérives

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• Article 39 intégré à l'article R. 4127-39 du code de la santé publique.

• (en) « Definition of quack | Dictionary.com [archive] », sur www.dictionary.com

• (en-US) « Quackery: How Should It Be Defined? | Quackwatch [archive] »

• Tabish, « Complementary and alternative healthcare: is it evidence-based? », International Journal of Health Sciences, vol. 2, no 1,‎ janvier 2008, v–ix (ISSN 1658-3639, PMID 21475465, PMCID 3068720)

• Angell et Kassirer, « Alternative Medicine – The Risks of Untested and Unregulated Remedies », New England Journal of Medicine, vol. 339, no 12,‎ 17 septembre 1998, p. 839–41 (PMID 9738094, DOI 10.1056/NEJM199809173391210)

• Cassileth et Yarett, « Cancer quackery: the persistent popularity of useless, irrational 'alternative' treatments. », Oncology, vol. 28, no 8,‎ 2012, p. 754–58 (PMID 22957409)

• HAS, « Évaluation des médicaments homéopathiques soumis à la procédure d'enregistrement prévue à l'article L.5121-13 du CSP [archive] »

• Informations lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « Charlatan » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales

• Jacques Jouanna et Caroline Magdelaine, Hippocrate : L'Art de la médecine, Paris, GF Flammarion, 1999 (ISBN 978-2-08-070838-0), p. 35-36.